Qatar : retour sur un coup d’Etat.

Publié le par qatarbook

Paris, 24 décembre 2012.

 

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Il y a X mois, Aljazeera a été envahie par un commando formé de jeunes princes qataris, de mercenaires libyens et d’officiers américains. L’ancien Premier Ministre Hamad Bin Jassim Al Thani annonça en direct un putsch islamiste pour nettoyer, au Karcher, le Qatar de la trahison de l’émir, accusé d’intelligence avec Israël, et de l’ouverture de Cheikha Moza, accusée de débauche avec la France. Le Cheikh Al-Karadawi, émir des Frères Musulmans, a été même réquisitionné pour bénir ce nouveau coup d’Etat dans cette colonie américaine qui se prenait pour un Etat.


En 1995, c’est l’ancien émir Hamad bin Khalifa Al Thani qui avait commis un putsch contre son propre père d’émir après avoir envahi la seule chaine de télévision qatarie de l’époque pour organiser le premier coup d’Etat médiatique de l’histoire humaine. En 2012, en vertu de la loi de l’arroseur arrosé et de celle du parapluie américain, c’est le prince héritier Tamim Bin Hamad qui a été manipulé pour mener ce deuxième coup d’Etat dans la famille régnante des Al-Thani (nom arabe qui veut dire Les Deux). Sauf que cette fois-ci, le dauphin a été tué sauvagement, comme Kadhafi, par les mercenaires qui protégeaient l’émir et que ce dernier a été contraint par les Américains, comme Ben Ali, à se sauver en avion. Dans son Airbus A380, citadelle céleste truffée de micro-espions et bourré de gros diamants, l’émir a navigué, ou plutôt titubé comme un SDF beurré,  plusieurs heures dans plusieurs sens sur les nuages à la recherche d’une terre accueillante. Hamad bin Khalifa Al Thani avait demandé, en vain, le refuge à plusieurs pays européens ; il avait essayé, tel un vilain pestiféré, le refus de Sarkozy, son ami préféré, de l’accueillir. finalement, il a s’est réfugié en Arabie Saoudite, pays qu’il n’a cessé d’attaquer et d’essayer de déstabiliser.


En fait, en 2012, la mission médiatique et le mandat politique conférés au Qatar par les Américains a pris fin. Les politiques français sont restés sourds aux alertes lancées depuis le 14 janvier 2011 sur France 24 puis sur Qatarbook.fr : « Le Qatar est le compromis politique entre le grand frère Perse et le Grand oncle Sam. Le Qatar, c’est le compromis idéologique entre les Frères Musulmans, les Ayatollahs chiites et les néoconservateurs américains…Les Américains, les Iraniens et les Qataris préfèrent jouer la carte des Frères Musulmans, souhaitant que les pays arabes soient « gérés à la turque », à la fois par les militaires et par les islamistes… Aljazeera qui est une arme médiatique tantôt dans les mains des iraniens, tantôt dans les mains des Américains, mais toujours l’arme de destruction massive des Frères Musulmans… »


Les Européens ont fait preuve de courte vue sur le plan stratégique et de suivisme sur le plan géopolitique. Maintenant, ils admettent qu’il y a plus qu’un océan qui sépare les intérêts américains des intérêts européens. Surtout qu’il n’y a qu’une petite Méditerranée qui sépare la sécurité européenne  de cette Libye devenue une nouvelle Somalie, une rampe de lancement pour les commandos terroristes islamistes. D’ailleurs, Marine Le Pen, devenue députée du Nord après avoir réalisé 25% au premier tour des dernières présidentielles, concentre ses attaques contre les Américains qui font la guerre aux intérêts européens en instrumentalisant l’islamisme et la déstabilisation des pays arabes.


L’Establishment américain a offert un deuxième mandat, haut la main, au président Obama pour le remercier de sa fidélité et d’avoir réussi le projet du Grand Moyen Orient que voulait accomplir son prédécesseur Bush. Après la guerre criminelle menée par les Américains en Iraq, ils ont sacrifié ce grand pays arabe à l’impérialisme perse et au nihilisme de la guerre civile. D’un commun accord, les Américains et les Iraniens partagent cette partie du Golfe arabe dit persique : les premiers ont récupéré la Qatar et le sultanat d’Oman, les seconds ont récupéré le Bahreïn où la majorité chiite a contraint la famille régnante, après des pogroms barbares, à se sauver et à s’éparpiller entre les émirats de la péninsule arabique et les grandes villes européennes.


Du Koweït au Maroc, les islamistes sont au pouvoir. Ils sont souvent au service du même pouvoir, cette alliance entre la monarchie ou l’establishment militaire d’un côté, et la puissance américaine de l’autre. En Syrie, les militaires ont renversé et liquidé le criminel de guerre Bachar Alassade et imposé l’Etat d’urgence. Le Yémen s’est enlisé dans le tribalisme et l’islamisme armés. La Turquie, grâce entre autres aux gesticulations électoralistes de l’ancien président Sarkozy, s’est éloignée de l’Europe pour devenir l’alliée le plus fidèle des Américains. L’Egypte, enfoncé dans la pauvreté et l’insécurité, s’est jeté pieds et mains liés dans le protectorat américain qui finance et protège à la fois le sérail corrompu des oligarques militaires et la confrérie politicienne des Frères Musulmans. L’Algérie instrumentalise l’Afrique subsaharienne, nouveau foyer de tension entre les Chinois et les Américains, pour résister aux  vents du changement. En Tunisie, après avoir perdu la manne qatarie, le parti islamiste Ennahda a modéré ses discours et ses projets ; le gouvernement d’alliance nationale qu’il compose avec des gauchistes et des nationalistes de l’ancien parti unique semble tenir la route.


Pour les même raisons, le PSG a chuté dans le championnat français. Plusieurs joueurs se sont sauvés après le tarissement des vannes des pétrodollars qataris. Avec les révélations fracassantes sur les mallettes qataries qui avaient vocation à peser sur les présidentielles françaises et à former une cinquième colonne islamiste dans le 93, un mouvement républicain, qui a jailli du cœur militant de l’UMP, a contraint l’ancien président et candidat Sarkozy à jeté l’éponge. Depuis, Sarkozy a traversé les Alpes pour partager sa passion pour le foot et pour le bling-bling avec Berlusconi.


Cheikha Moza, mot arabe qui veut dire banane, a singé Sarkozy et a rejoint la riche famille Bruni. Son épée et son costume vert d’académicienne lui ont été retirés grâce à un sursaut humaniste, un mouvement moraliste qui a jaillit du cœur palpitant de l’Académie française, et qui a poussé à la sortie l’académicien Roger Taillibert, car accusé d’avoir parrainé l’ancienne souveraine qatarie en contrepartie des contrats financiers qu’il engageait en tant qu’architecte client de la famille souveraine déchue. Par contre, grâce à cette déchéance, Anne Lauvergeon a récupéré son poste à la tête d’Areva.


Mais le mal est fait. Une vraie bombe nucléaire, politico-religieuse, a explosé contre la sécurité et les intérêts des Européens et des Arabes à la fois. Le Qatar, ce « confetti qui a la dimension d’une allumette et la force d’une bombe H », a été magistralement manipulé pour manipuler sordidement des révoltes et des désordres.  Le Qatar, cette « paillette qui a le poids d’un diamant et l’énergie d’un virus », a changé le visage géopolitique du monde avant que les Américains ne change le visage de son émir, leur éternel agent.


Farid H.

 

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